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Mémoires de dictatures – 5 – PORTUGAL

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(Suite de l’article du 25 janvier 2016 : Mémoires de dictatures – 4 – PRÉAMBULE)

Je me permets de remettre sur le métier un travail de retranscription que j’avais effectué au début des années 2011, soit cinq ans, presque jour pour jour. Et il me semble que le contexte actuel se prête à un petit travail de mémoire.

Ces retranscriptions sont écrites telles quelles, sans modification ou intervention autres de ma part, sauf photos piquées sur le Net et parfois, quelques vidéos qui viendront mettre un peu de vie dans ce sujet grave. Elles sont le fruit de cinq émissions diffusées alors sur la RTS la 1ère dans le cadre d’ « Histoires vivantes ».

Gene des AZAs

ENTRETIEN ANTONIO COSTA PINTO

1ère partie

Antonio_Costa_PintoAntonio Costa Pinto

Antonio Costa Pinto, historien, enseignant à l’Institut des Sciences Sociales de l’Université de Lisbonne. Il a écrit plusieurs ouvrages sur la dictature au Portugal dont: «Violence et transitions politique à la fin du XXème siècle». Il a également publié dans la revue «Persée» un long article sur le salazarisme et le fascisme en Europe.

– Quel est le paysage politique culturel et social du Portugal dans années 20, dans quelle position se trouve le Portugal au moment de la prise de pouvoir en 1926 ?

Le Portugal est une jeune république en voie de démocratisation comme beaucoup d’autres pays dans la périphérie de l’Europe. Dans l’entre-deux guerres, c’est un pays en voie de démocratisation touché par la crise de la 1ère guerre mondiale à laquelle elle a participé, forcée par ses colonies.

Le mythe colonial domine le XXe siècle au Portugal.

Dans les années 1920, on souffre de la crise de l’après-guerre et la jeune démocratie portugaise n’a pas été implanté par le suffrage universel, mais par les régimes para-démocratiques de l’entre-deux guerres.

En 1926, c’est l’institution militaire, où le mouvement fasciste ne joue pas de rôle, qui prend le pouvoir. C’est un coup d’État militaire, comme dans une bonne partie des jeunes démocraties de l’entre-deux guerres qui font institutionnaliser des régimes autoritaires. C’est une coalition conservatrice qui prend le pouvoir.

Dans le cas du Portugal, les militaires et les républicains conservateurs, avec une perspective de crise de la démocratie et de crise du parlementarisme, essaient de constituer un régime autoritaire avec les principes de la République.

– Quand ce type de prise de pouvoir a lieu, il se passe dans la capitale. Qu’en est-il dans le reste du pays? Et quelle était l’économie, à l’époque, du Portugal ?

Dans les années 1920, le Portugal est encore un pays dominé par la ruralité. Il y a un clivage très important entre le monde de Lisbonne et Porto, les deux villes les plus importantes du pays, où une culture politique démocratique se développe. Et il y a un monde rural encore très dominé par une vision conservatrice du monde, où des institutions comme les élites sociales, comme l’église catholique, jouent un rôle très important.

En 1926, le mouvement militaire part de Braga, centre très important du monde conservateur, et va jusqu’à Lisbonne, le monde urbain où le parti républicain a une implantation électorale et politique et qui est le parti qui domine la République. Tout se passe à Lisbonne. Tout y est central et très important dans les années 1920.

Lors du coup d’État militaire en 1926, le transfert de pouvoir se fait entre le Président de la République et le Général qui est arrivé à Lisbonne.

Dans le cas portugais, entre la chute de la démocratie en 1926 et la consolidation de l’ordre autoritaire de 1933, il y a une période assez importante de dictature militaire encore très instable. La transition de la démocratie à l’autoritarisme est un procès complexe qui va durer une dizaine d’années.

– Le temps de transition, une dizaine d’années après la révolution qui s’est opéré en Russie, est une donnée qui compte, sur le moment ?

Sans doute.

Immédiatement il y a, comme en Espagne d’ailleurs, la grande peur du féminisme.

Dans le cas portugais, ce fut surtout la grande peur du mouvement ouvrier.

Un mouvement ouvrier qui, dans le cas de Lisbonne et de Porto, est dominée par l’anarcho-syndicalisme, une petite élite ouvrière qui, même si elle ne va jouer pas un rôle important, joue un rôle de menace révolutionnaire dans la crise des années 1920. Et la plupart des actions militaires qui ont eu lieu contre le mouvement ouvrier par la suite, ont, comme réflexes, la décapitation de l’élite ouvrière d’origine anarcho-syndicaliste.

Les communistes vont jouer un rôle très important à partir de la fin des années 1930 au Portugal.

salazarSalazar, joyeux !

À retrouver sous l’onglet « AZATHÈMES« , « HISTOIRE« , « DICTATURES EUROPÉENNES« 



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